Paramètres de croissance et d’exploitation de deux espèces de poissons à intérêt économique dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire) : Oreochromis niloticus (Linaeus, 1758) et Chrysichthys nigrodigitatus (Lacépède, 1803)  

 

Journal of Applied Biosciences 212: 22446 – 22461

ISSN 1997-5902

 

Paramètres de croissance et d’exploitation de deux espèces de poissons à intérêt économique dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire) : Oreochromis niloticus (Linaeus, 1758) et Chrysichthys nigrodigitatus (Lacépède, 1803)

 

KOUASSI Koumoin Henry Delmas1*, DOFFOU Richard Jean Olive1, KAMAGATE Bakagnan1, BERTE Siaka2 

1Département des Sciences et Techniques, Université Alassane Ouattara, Côte d’Ivoire,BP V 18 Bouaké 01

2Unité de Formation et de Recherche (UFR), Université Félix Houphouët BOIGNY, Côte d’Ivoire

*Auteur correspondant : E-mail : kouassikoumoin79@gmail.com, rdoffou@yahoo.fr, kambak486@gmail.com,   bertesia@yahoo.fr

 

Submitted 05/08/2025, Published online on 30/09/2025 in the https://www.m.elewa.org/journals/journal-of-applied-biosciences  https://doi.org/10.35759/JABs.212.4

 

RESUME

Objectif : Cette étude vise à déterminer l’âge, la croissance et le taux d’exploitation de  Chrysichthys nigrodigitatus (Lacépède, 1803) (Poisson Machoîron) et Oreochromis niloticus (Linaeus, 1758) (Poisson Carpe) dans le lac barrage de Buyo en vue de contribuer à une meilleure gestion de ces ressources halieutiques à fort intérêt économique.

Méthodologie et résultats : Au total, 400 spécimens du tilapia du Nil Oreochromis niloticus et 392 spécimens de Chrysichthys nigrodigitatus ont été capturés à l’aide de filets maillants dans le lac de barrage de Buyo d’août 2017 à juillet 2018. Tous ces spécimens proviennent des pêches expérimentales et commerciales. La structure de la population a une distribution unimodale et les échantillons récoltés présentent un plus grand nombre d’individus pour les tailles comprises entre 11 et 18 cm. Les âges maximums enregistrés ont été 4,22 ans pour Oreochromis niloticus et 9,08 ans pour Chrysichthys nigrodigitatus.  Les paramètres de croissance de Von Bertalanffy calculés ont été to = – 0,31 an-1, L∞ = 34,44 cm, K = 0,33 an-1 (C. nigrodigitatus) et to = – 0,63 an-1, L∞ = 28,33 cm, K = 0,71 an– 1 (O. niloticus).

Conclusion et application des résultats : Il est ressorti de cette étude que la croissance de C. nigrodigitatus et O. niloticus du Lac de barrage de Buyo est rapide. Cependant leur durée de vie (4,22 ans et 9,08 ans) est inférieure à celle des poissons de la même espèce vivant dans les milieux naturels. Les tailles de première capture (Lc) sont largement inférieures aux tailles de première maturité sexuelle (Lm). Oreochromis niloticus  subit une surexploitation (E = 0.51) dans le lac de Buyo. Ces poissons présentent un fort intérêt socio-économique pour les habitants de la zone d’étude.

Mots clés : Chrysichthys nigrodigitatus, Oreochromis niloticus, Buyo, Côte d’Ivoire.

 

 

ABSTRACT

Objective : This study aims to determine the age, growth and exploitation rate of the two species         Chrysichthys nigrodigitatus (Lacépède, 1803) (Machoîron fish) and Oreochromis niloticus (Linaeus, 1758) (Carp fish) in the Buyo dam lake, with a view to contributing to better management of these fishery resources of high economic interest.

Methodology and results : A total of 400 Oreochromis niloticus and 392 Chrysichthys nigrodigitatus specimens were sampled in the Buyo dam lake between August 2017 and July 2018. The population structure has a unimodal distribution, and the samples collected show a greater number of individuals for sizes between 11 and 18 cm The maximum ages recorded were 4.22 years for Oreochromis niloticus and 9.08 years for Chrysichthys nigrodigitatus.  Calculated von Bertalanffy growth parameters were to = – 0.31 year-1, L∞ = 34.44 cm, K = 0.33 year-1 (C. nigrodigitatus) and to = – 0.63 year-1, L∞ = 28.33 cm, K = 0.71 year– 1 (O. niloticus).

Conclusion and application of results : This study showed that C. nigrodigitatus and O. niloticus from the Buyo dam lake grow rapidly. However, their lifespan (4.22 years and 9.08 years) is shorter than that of fish of the same species living in natural environments. Sizes at first capture (Lc) are well below those at first sexual maturity (Lm).Oreochromis niloticus species is overexploited (E = 0.51) in Lake Buyo. These fish are of great socio-economic interest to the inhabitants of the study area.

Keywords: Chrysichthys nigrodigitatus, Oreochromis niloticus, Buyo, Ivory Coast.

 

INTRODUCTION

 

En Afrique de l’ouest, Le poisson représente la première source de protéines animales (FAO, 2022). Outre leur grande importance pour l’alimentation, les poissons jouent un rôle important dans l’équilibre écologique des écosystèmes aquatiques (Villanueva, 2004). Ainsi, les différents hydrosystèmes tels que les lacs de barrage hydroélectriques, les fleuves  et rivières constituent un secteur principal d’activité de pêche (Koné, 2000). Le lac de Buyo, localisé à l’ouest de la Côte d’Ivoire, en zone forestière et construit sur le cours principal du fleuve Sassandra fait partie des zones à forte production de poissons (FAO, 2008). Oreochromis niloticus et Chrysichthys nigrodigitatus ont une grande importance économique, écologique et très exploitées dans cette zone. Elles sont exploitées aussi bien par la pêche que par l’aquaculture. Ces deux espèces représentent une proportion importante de la faune ichtyologique des grandes retenues d’eau africaines (Lorenzen, 2000). En Côte d’ivoire, les espèces des genres Oreochromis et Chrysichthys sont appréciées par les autochtones et présentent un intérêt économique. Elles subissent de ce fait une intense pression d’exploitation et pourraient être menacées de surpêche. La connaissance de l’âge, la survie et la croissance des stocks de poissons exploités présente une grande importance (Balirwa, 2007). Bien que de telles informations soient vitales pour une gestion rationnelle des stocks, la dynamique des populations de Oreochromis. niloticus et de Chysichthys. nigrodigitatus du lac de barrage de Buyo a très peu été étudiée. Les seules données disponibles à ce sujet sont celles de Duponchelle et Panfili (1998). Les données de la dynamique des populations peuvent permettre d’établir des modèles mathématiques, de réaliser des analyses démographiques ou de comparer des populations géographiquement distantes d’une même espèce (Ould Yarba et al., 2004). C’est dans ce sens que cette étude a été menée pour éviter l’effondrement du stock de ces espèces.

 

 

 

MATERIEL ET METHODES

 

Milieu d’étude :  Le lac de Buyo est localisé entre 06°18ʹ0ʹʹ et entre 06°36ʹ0ʹʹ de latitude Nord et 06°48ʹ0ʹʹ et 07°12ʹ0ʹʹ de longitude Ouest et couvre une superficie de 920 km2 (Figure 1). Il porte le nom du village de Buyo, situé dans la sous-préfecture de Buyo. Ce lac résulte de la construction du barrage de Buyo au niveau du confluent du fleuve Sassandra et de l’un de ses principaux affluents, le N’Zo. Il a une longueur de crête de 6,4 km et une hauteur de 36,1 m (Kouamé, 2010). Trois stations d’échantillonnage à savoir Buyo-ville (06°15ʹ 05ʹʹ latitude Nord et 007°00ʹ 35ʹʹ longitude Ouest), PK 15 (06°14ʹ 36ʹʹ de latitude Nord et 07°07ʹ51ʹʹ de longitude Ouest) et Guessabo (06°45ʹ04ʹʹde latitude Nord et 06°58ʹ 22ʹʹde longitude Ouest) ont été définies dans le cadre de la présente étude. Le choix de ces différentes stations d’échantillonnage a tenu compte de l’accessibilité, la permanence de l’eau et de la disponibilité du matériel biologique.

 

 

Figure 1 : Présentation du milieu d’étude

 

 

Matériel biologique : Le matériel biologique était composé de 400 spécimens de Oreochromis niloticus et de 392 spécimens de Chrysichthys nigrodigitatus.

Méthodes

Capture et mensuration des poissons : Les poissons ont été capturés chaque mois entre août 2017 et juillet 2018. Tous ces spécimens proviennent des pêches expérimentales et commerciales. Pour la pêche expérimentale, une batterie de 10 filets maillants a été posée à 17 h et visitée à 7 h pour la pêche nocturne, puis visitée à nouveau et relevée à 12 h pour la pêche diurne.  Les poissons ont été identifiés à l’aide des clés de Paugy et al. (2003 a et b) et mesurés au centimètre près à l’aide d’un ichtyomètre. Après la mensuration, les poissons ont été pesés au gramme près à l’aide d’une balance électronique de précision 1g.

Paramètres démographiques : Les classes de taille ont été déterminées sur la base de la règle de Sturge (Scherrer, 1984). Pour la détermination de l’âge et de la croissance des poissons étudiés, tous les spécimens mesurés au cours de la période d’échantillonnage ont été regroupés en classes de tailles de 2 cm et de 1 cm d’intervalle. Les classes ont été représentées par leurs valeurs centrales sur l’axe des abscisses. Les histogrammes représentant les fréquences de tailles de capture en fonction des classes de tailles ont été réalisés. Le programme ELEFAN incorporé au logiciel FiSAT II (Gayanilo et al., 2002) a été utilisé pour l’estimation des paramètres démographiques des populations. La croissance linéaire a été déterminée selon l’équation de croissance de Von Bertalanffy (1938). La fiabilité de ces paramètres a été testée en appliquant l’indice de performance de croissance (φ’) calculé selon la méthode de Pauly et Munro (1984). La mortalité totale (Z) a été estimée par la méthode dite « Courbe des captures selon les longueurs converties » à travers la formule de Pauly (1984) et Pauly et al. (1995). Pour la détermination de la mortalité naturelle (M) le modèle empirique de Pauly (1984) a été appliquée. La méthode appliquée est le modèle empirique de Pauly (1984) qui intègre dans son expression, la température moyenne annuelle du milieu et les paramètres de croissance K et L∞ selon la formule suivante : Log 10 M = – 0, 0066 – 0,279 Log 10L∞ + 0,6543 Log 10 K + 0,4634 Log10T ; Avec M = mortalité naturelle ; L∞ = longueur asymptotique ; K = Coefficient de croissance ; T = température moyenne annuelle de l’eau. La mortalité par pêche (F) et le taux d’exploitation (E) ont été déterminés selon les relations définies par Gulland (1971). E = F/ Z avec Z = F + M ; d’où E = F/ (F + M) Selon cet auteur, l’état d’exploitation d’un stock peut être évalué en se fondant sur le fait que le rendement optimum est atteint quand F = M, c’est-à-dire lorsque E = 0,50. Le stock n’est pas surexploité quand E < 0,50 et surexploité lorsque E > 0,50. Après avoir estimé la mortalité naturelle, les points faisant partie du côté gauche ascendant de la courbe de capture selon les longueurs (points extrapolés) ont été utilisés pour évaluer la probabilité de capture pour chaque classe de taille (Pauly, 1984). Cette méthode qui utilise la moyenne mobile sur les classes de longueurs les plus représentatives a permis d’obtenir les paramètres de sélectivité L25, L50 et L75. Ce sont les tailles pour lesquelles la probabilité de capture est de 25%, 50% et 75%, respectivement. La taille de première capture est notée Lc. Le recrutement a été déterminé en projetant les données de fréquence de taille sur l’axe des temps en utilisant les paramètres de croissance L∞, K et t0 (Moreau et Cuende, 1991). La distribution normale a été déterminée par NORMSEP (Pauly et Caddy, 1985) avec FISAT II. Les transformations effectuées pour déterminer l’âge maximum des différentes espèces étudiées ont été établies selon le modèle de Von Bertalanffy (Pauly et Caddy, 1985). Les calculs ont été effectués avec le logiciel FISAT II.

 

 

RESULTATS

 

Structure des tailles de la population :  La figure 2 présente la distribution des individus de Chrysichthys nigrodigitatus capturés. Les longueurs standards des poissons varient entre 5 et 31 cm. La structure de la population a une distribution unimodale et les échantillons récoltés présentent un plus grand nombre d’individus pour les tailles comprises entre 11 et 18 cm. Les individus de Oreochromis niloticus échantillonnés ont une taille (longueur standard) variant entre 5 à 25,5 cm. Les échantillons récoltés présentent un plus grand nombre d’individus pour les tailles comprises entre 11 et 18 cm (figure 3).

Paramètres de croissance:  La longueur asymptotique (L∞), le taux de croissance (K), l’âge hypothétique (to) et l’indice de performance de croissance (φʼ) de Chrysichthys nigrodigitatus et de Oreochromis niloticus échantillonées dans le lac de Buyo sont présentés dans les tableaux I. Les courbes de croissance ayant permis la détermination des différents paramètres de croissance sont illustrées aux figures 4. Les valeurs de L∞ et de K estimées sont respectivement  34,44 cm et 0,33 an-1 chez Chrysichthys nigrodigitatus et 28,33 cm et 0,71 an– 1 chez Oreochromis niloticus. Les valeurs de φʼ calculées sont respectivement  2,60 et 2,75. Les âges théoriques à la taille nulle (to) sont estimés à  – 0,31 an-1 pour Chrysichthys nigrodigitatus   et – 0,63 an-1  pour Oreochromis niloticus tandis que les âges maximums (ou longévité tmax) sont estimés respectivement à 9,08 ans et 4,22 ans.

 

 

Figure 2 : Distribution des fréquences de taille des spécimens de Chrysichthys nigrodigitatus (mâles et femelles) capturés entre août 2017 et juillet 2018 dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire).

 

 

Figure 3 : Distribution des fréquences de taille des spécimens de Oreochromis niloticus (mâles et femelles) capturés entre août 2017 et juillet 2018 dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire).

 

Tableau 1 : Paramètres de populations de Chrysichthys nigrodigitatus et de Oreochromis niloticus (mâles et femelles) capturées entre août 2017 et juillet 2018 dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire)

  Paramètres de populations Chrysichthys nigrodigitatus Oreochromis   niloticus
      Valeurs       Valeurs
Longueur asymptotique (L  ) en cm            34,44            28,33
Coefficient de croissance (K) en an-1            0,33             0,71
Indice de performance de croissance (φʼ)            2,60             2,75
Score (Rn)             0,34             0,31
Âge théorique (t0) en an-1           – 0,31           – 0,63
Longévité (tmax) en an             9,08             4,22
Mortalité naturelle (M) en an-1             0,86             1,51
Mortalité par pêche (F) en an-1             0,45             1,60
Mortalité totale (Z) en an-1             1,31             3,10
Taux d’exploitation (E)             0,34             0,51
Limite d’exploitation (Emax)             0,66             0,78
Taille de première capture (Lc) en cm            12,97             13,52

 

A
B

Figure 4 : Courbes de croissance superposées (tracés en bleu) et histogramme de fréquences de taille (tracés en noir blanc) des spécimens de Chrysichthys nigrodigitatus (A) et de Oreochromis niloticus (B) capturés (mâles et femelles) d’août 2017 à juillet 2018 dans le lac de Barrage de Buyo par le modèle de Von Bertalanffy.

 

 

Tailles de première capture et recrutement des jeunes poissons : La taille de première capture Lc est la taille à laquelle 50 % des poissons sont susceptibles d’être capturés. La figure 5  présente les valeurs déterminées de la taille de première capture de Chrysichthys nigrodigitatus et Oreochromis niloticus. Les valeurs de L50 déterminées sont respectivement 12,97 cm et 13,52 cm. L25 et L75 correspondent respectivement à 25 % et à 75 % de poissons capturés dans le lac. Ces valeurs sont 10,47 cm et 15,09 cm pour l’espèce Chrysichthys nigrodigitatus. Pour (l’espèce Oreochromis niloticus,  ces valeurs (L25 et L75)  sont 11,11 cm  et 15,28 cm. Le recrutement ou processus par lequel les jeunes Chrysichthys nigrodigitatus et Oreochromis niloticus  intègrent la pêcherie sont illustrés par la figures 6. Elle montre un recrutement continu toute l’année avec des pics de recrutement observés en juin et juillet pour les deux espèces.

 

 

B
A

 

Figure 5 : Courbe de sélectivité montrant la probabilité de capture de la population de Chrysichthys nigrodigitatus (A) et de Oreochromis niloticus (B) dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire) d’août 2017 à juillet 2018

 

A
B

 

Figure 6 : Modèle de recrutement des juvéniles de Chrysichthys nigrodigitatus (A) et de Oreochromis niloticus (B) capturés d’août 2017 à juillet 2018 dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire)

 

 

Coefficients de mortalité totale, naturelle et par pêche, et taux d’exploitation : La figure 7 présente les valeurs de la mortalité totale (Z) et la mortalité naturelle (M). Les valeurs Z et M sont respectivement 1,31 an-1 et 0,86 an-1 pour l’espèce Chrysichthys nigrodigitatus et de 3,10 an-1 et de 1,51 an-1 pour l’espèce Oreochromis niloticus avec une température moyenne annuelle de 30,30 °C. Les mortalités par pêche (F) sont respectivement 0,45 an-1 et 1,60 an-1. Les  taux d’exploitation (E) évalués sont 0,34 pour l’espèce Chrysichthys nigrodigitatus et 0,51 pour l’espèce Oreochromis niloticus (figure 8). Les limites maximales d’exploitation (Emax) déterminées à partir des courbes de rendement relatif et de la biomasse relative par recrue selon la méthode Knife-Edge de FISAT sont 0,66 (Chrysichthys nigrodigitatus) et de 0,78 (Oreochromis niloticus). Ces résultats montrent une mortalité par pêche plus élevée que la mortalité naturelle au niveau de l’espèce Oreochromis niloticus dans le lac de barrage de Buyo.

 

 

A
B

Figure 7 : Courbe de capture selon les longueurs pour la population de Chrysichthys nigrodigitatus et de Oreochromis niloticus capturée d’août 2017 à juillet 2018 dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire)

 

B
A

 

Figure 8 : Taux d’exploitation de Chrysichthys nigrodigitatus (A) et de Oreochromis niloticus (B) capturées d’août 2017 à juillet 2018 dans le lac de barrage de Buyo (Côte d’Ivoire).

 

DISCUSSION

 

La structure en tailles des populations de Chrysichthys nigrodigitatus et de Oreochromis niloticus dans le lac de barrage de Buyo est unimodale. En effet, les spécimens dont les tailles sont comprises entre 11 et 19 cm constituent la majorité des individus échantillonnés dans le lac de Buyo. Ces résultats pourraient se justifier d’une part par la forte demande de ces espèces sur le marché et d’autre part par les techniques de capture utilisées dans cette localité. En effet, les pêcheurs utilisent des engins de capture tels que les moustiquaires, les grillages, des filets maillants de vide de maille inférieure à 15 mm. Ce qui pourrait entraîner la capture des poissons de petites tailles liée nécessairement à la taille maille. En effet, les effets de la pression des pêches sur les communautés de poissons comprennent une diminution de l’abondance, des changements dans la structure par âge et la composition de la taille (Albaret et Laë, 2003). Selon Bianchi et al. (2000) et Shin et al. (2005), les structures en tailles des populations de poissons sont fréquemment utilisées en halieutique comme indicateurs des effets de pêche. L’étude des paramètres de populations permet une meilleure compréhension de l’évolution des stocks en fonction des modifications apportées dans leur exploitation (Tah et al., 2010). La valeur obtenue (34,33) de la longueur asymptotique (Lꝏ) de Chrysichthys nigrodigitatus, dans le présent travail diffère de celle notée par divers autres auteurs. En Côte d’Ivoire, Bédia et al. (2017) donnent une valeur Lꝏ = 53 cm dans la lagune Aghien-Potou et Tah et al. (2010), enregistrent une valeur de 46 cm dans le lac Ayamé I. Par ailleurs, nos résultats sont plus proches de ceux (Lꝏ = 37, 28 cm) de Ikongbeh et al. (2015) dans le lac Akata (Etat du Benué, Nigéria), mais supérieurs à ceux de Niyonkuru et al. (2003) (Lꝏ = 26 cm) dans le lac Nokoué au Bénin. En ce qui concerne l’espèce Oreochromis niloticus, les paramètres de croissance déterminés montrent que la valeur de la longueur asymptotique enregistrée (28, 33 cm) est similaire à celle obtenue (28,5 cm) par Niyonkuru et al. (2003) dans le lac Mantasoa au Madagascar. Certains auteurs ont obtenu des valeurs qui différent de celle enregistrée dans la présente étude. En Côte d’Ivoire, Tah (2012) donne une valeur de la longueur asymptotique de 35,5 cm dans le lac d’Ayamé I. Au Togo, c’est une valeur de Lꝏ = 26,2 cm que Kitikli (2010) enregistre dans le lac Bagbé. Dans le lac Victoria au Kenya, la valeur de Lꝏ notée est de 61,3 cm. Au Burkina Faso, Baijot et Moreau (1997) ont obtenu une valeur de 17,6 cm dans le réservoir de Tanguiga. Ces différentes valeurs obtenues par ces auteurs montrent que la longueur asymptotique d’une espèce peut varier en fonction des conditions du milieu. Les différences observées pourraient s’expliquer par les conditions écologiques qui diffèrent selon les milieux considérés, les facteurs environnementaux (la disponibilité en nourriture et la densité de la population) et la pression de pêche (Abdoli et al., 2008). Concernant, le coefficient de croissance (K) respectivement 0,33 pour C. nigrodigitatus et 0,71 pour l’espèce O. niloticus. Ces valeurs étant inférieure à 1, cela traduit que, ces deux espèces ont une longue durée de vie (Ikongbeh et al., 2015). Cette valeur 0,33 an-1  est identique à celle observée par Bédia et al. (2017) dans le complexe lagunaire Aghien-Potou (Côte d’Ivoire). Mais, des valeurs plus élevées ont été enregistrées dans les lacs de Nokoué (0,9 an-1), de Kainji (0,53 an-1) et d’Akata (0,53 an-1) sur la même espèce, respectivement par Niyonkuru et al. (2003), par Du Feu (2003) et par Ikongbeh et al. (2015). Nos résultats montrent que l’espèce C. nigrodigitatus vit moins longtemps dans les milieux lacustres ivoiriens que ceux des pays voisins.  En ce qui concerne l’espèce O. niloticus, la valeur obtenue dans la présente étude (0,7 an1) est inférieure à celle (1,5 an-1) enregistrée par Kitikli (2010) dans le lac Bagbé (Sud du Togo). Les valeurs enregistrées dans le lac d’Ayamé I (0, 48 an-1), le lac Victoria (0,35 an-1) et le réservoir Tanguiga (0,46 an-1) respectivement par les auteurs Tah (2012), Getabu (1987) et Baijot et Moreau (1997) sont largement inférieures à celle enregistrée dans cette étude. Ces différentes observations montrent que ces deux espèces (C. nigrodigitatus et O. niloticus) ont une durée de vie qui peut varier d’un milieu à un autre. Cette variation observée pourrait trouver sa justification aux particularités écologiques des milieux où vivent les poissons, à la variabilité de l’alimentation, à la pression de pêche et à l’échantillonnage (Seyedahmadreza et al., 2011). Les indices de performance de croissance (φʼ) obtenues (2,60 et 2,75) sont dans la gamme de l’intervalle (2,65 à 3,32) définie par Baijot et Moreau (1997). Selon ces auteurs, de telles valeurs d’indices de performance de croissance sont attribuées à des stocks de poissons tropicaux réputés à croissance lente. Des résultats similaires ont été obtenus par Tah (2012) dans le lac d’Ayamé I avec un indice de performance de 2,78 pour l’espèce O. niloticus. Mais des résultats contraires ont été obtenus par Baijot et Moreau (1997) dans le réservoir de Tanguiga au Burkina Faso. La valeur φʼ trouvée par ces auteurs est 2,15. Nos résultats traduisent que ces espèces ont une bonne croissance dans les eaux continentales ivoiriennes. Cette différence serait liée à l’influence de certains facteurs du milieu, dont la température. Selon Fritsch (2005), la température joue un rôle prépondérant, car elle agit non seulement sur la production de nourriture disponible, mais aussi sur la physiologie des individus. Pour King et Etim (2004), la température est le facteur le plus important qui limite la croissance des poissons. Les longévités estimées (9,08 ans et 4,22 ans) dans le lac de Buyo sont inférieures à celle (12 ans) enregistrée par Dia (1975) dans la lagune Ebrié. Cet état de fait démontre qu’une même espèce peut avoir une différence de longévité en fonction du milieu de vie. Ce qui confirme l’assertion de Merona et al. (1988) selon laquelle, pour une même espèce, des différences de croissance peuvent être observées d’un milieu à un autre. Ces différences peuvent avoir pour origine le type d’habitat (ruisseau, rivière, lac plat, lac profond, etc.) ou des conditions climatiques.

La valeur élevée de la mortalité naturelle (M = 0,86 an-1) par rapport à la mortalité par pêche (F = 0, 45 an-1) chez C. nigrodigitatus et la valeur relativement faible de la mortalité naturelle (M = 1,51) par rapport à la mortalité par pêche (F= 1,60) chez O. niloticus indiquent un déséquilibre du stock (Gulland, 1971). Ces résultats montrent que la majorité des stocks exploités dans le lac de Buyo est davantage affectée tant par la prédation naturelle que par la pêche. Les activités  de pêche sont intenses sur ces deux espèces car elles ont un grand intérêt économique dans cette localité. En effet, Da Costa et al. (2000) et Golé et al. (2005), signalent que les Tilapias Sarotherodon melanotheron et Oreochromis niloticus constituent la majorité des captures débarquées sur les lacs hydro-électriques de Côte d’Ivoire. Le taux d’exploitation de C. nigrodigitatus obtenu dans le lac de Buyo est 0,34, inférieur à la valeur hypothétique (0,5) tandis que celui de O. niloticus (0,51) est supérieur à cette valeur. L’état de surexploitation d’un stock se constate lorsque le taux d’exploitation atteint la valeur hypothétique 0,5 (Gulland, 1971). Partant de ce fait, C. nigrodigitatus pourrait être considéré comme sous-exploité tandis que O. niloticus est surexploitée. Le niveau élevé du taux d’exploitation ne pourrait s’expliquer ici que par le grand intérêt économique que cette espèce représente pour les pêcheurs dans la région. Des observations similaires ont été faites par Tah (2012) dans le lac de barrage d’Ayamé I. Ces stocks de Cichlidae restent donc soumis à de fortes pressions de pêches. Par ailleurs, il est important que des mesures de gestion du stock de cette espèce soient prises, car le taux d’exploitation est supérieur à la valeur critique de 0,5. En effet, Smith (1994) et Laë (1997) soulignent que la surexploitation indépendamment des autres pressions environnementales constitue en elle-même un stress majeur d’une grande variété d’impacts sur les communautés de poissons par rapport à l’état naturel. Les tailles de première capture (Lc) enregistrées sont largement inférieures aux tailles de première maturité sexuelle (Lm). Une telle situation est celle qui est généralement rencontrée. Cela signifie que les poissons de ce stock sont vulnérables aux pressions de pêche avant d’atteindre la maturité sexuelle (Mohammud, 2003). C’est une sérieuse menace pour la conservation de ces stocks sur le lac de Buyo. En effet, Il serait très intéressant que les prises effectuées par les pêcheurs soient au-delà de la taille moyenne de première maturité sexuelle (Mateus et Penha, 2007). Pour ces auteurs, la capture des poissons au-delà de la taille de première maturité sexuelle permet aux géniteurs de se reproduire en préservant la pérennité de l’espèce et aussi de la diversité génétique du stock. Le modèle de recrutement révèle que chez C. nigrodigitatus, le recrutement se réalise toute l’année avec un pic observé dans le lac de Buyo. Selon Djiby (1990), le recrutement des poissons tropicaux se fait selon le modèle suivant : en zone tropicale, le schéma de recrutement présente un seul maximum et la saison de recrutement s’étend sur une période bien définie, donc d’une seule cohorte hivernale. Par contre, en zone tropicale, le recrutement est souvent continu tout au long de l’année, présentant un (ce qui est rare) ou plusieurs (ce qui se produit souvent) maxima séparés par des minima. Par ailleurs, la position des pics majeurs de recrutement (période de prédominance des spécimens juvéniles dans l’année) pour l’espèce étudiée, montre que ces phénomènes se déroulent pendant la grande saison pluvieuse. Cette assertion a été rapportée par beaucoup d’auteurs qui ont travaillé sur la reproduction des poissons tropicaux en Afrique (Welcomme et Merona, 1988). Le modèle de recrutement révèlé par O. niloticus montre que le recrutement est continu toute l’année avec deux pics observés dans le lac de Buyo. En effet, selon Iles (1977), chez les populations de Cichlidae en général, il existe plus d’un recrutement par an. Ce qui signifie que deux cohortes sont engendrées par année. Cette observation est conforme à l’assertion de Pauly (1982) selon laquelle les poissons tropicaux et les espèces à courte durée de vie présentent un double recrutement annuel. Par ailleurs, la position des pics majeurs de recrutement (période de prédominance des spécimens juvéniles dans l’année) pour l’espèce étudiée, montre que ces phénomènes se déroulent pendant la grande saison pluvieuse (Koné, 2000).

 

 

CONCLUSION ET APPLICATION DES RESULTATS

 

Cette étude a permis de déterminer l’âge, la croissance et le taux d’exploitation des espèces  de Oreochromis niloticus et de Chrysichthys nigrodigitatus dans le lac de barrage de Buyo. Elle montre un recrutement continu des deux espèces toute l’année avec des pics centrés sur les mois de juin pour l’espèce Chrysichthys nigrodigitatus et de juillet pour l’espèce Oreochromis niloticus, période correspondant à la grande saison des pluies dans la région de Buyo. Ce travail nous indique que Oreochromis. niloticus  est en état de surexploitation tandis que le taux d’exploitation de Chrysichthys nigrodigitatus n’est pas véritablement éloigné du seuil d’exploitation de 0,5. Les tailles de première capture estimées des deux espèces impliquent un danger sur la pérennité des espèces et la rationalisation de la durabilité des ressources halieutiques. Au regard de ces résultats, il est donc urgent de prendre des mesures de fermeture de la pêche sur une période de 3 mois afin de permettre le renouvellement du stock et la pérennité des espèces de poissons. Il faut réglementer la pêche par l’interdiction des techniques de pêche archaïques telles que les mailles de filets inférieures à la taille de première maturité sexuelle et les engins (moustiquaires, les grillages…etc) par les agents de la pêche dans ce barrage et de veiller au respect strict des lois sur la pêche pour éviter un effondrement drastique du stock des ressources halieutiques.

 

 

 

 

 

REMERCIEMENTS

 

Cette étude a été réalisée dans le cadre du projet intitulé « Etudes scientifiques aux fins de proposer une réglementation nationale pour une exploitation rationnelle des ressources halieutiques en eau continentale » projet financé par le programme d’appui à la gestion durable des ressources halieutiques (PAGDRH) de la direction de l’aquaculture et de la pêche (DAP). Les auteurs tiennent à remercier toutes les personnes qui ont facilité le projet. Ils sont reconnaissants à tous les Enseignants-chercheurs de l’Unité Pédagogique de Recherche d’Hydrobiologie et d’Ecotechnologie des Eaux de l’UFR Biosciences de l’Université Félix HOUPHOUËT- BOIGNY et du Département de Biologie-Géologie de l’UFR Sciences et Technologies de l’Université Alassane OUATTARA de Bouaké en Côte d’Ivoire pour leur assistance à la collecte des données ainsi qu’aux agents de pêche et aux pêcheurs des localités de Guessabo, Buyo et PK15 pour leur coopération efficace.

 

 

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